∞-lecture

(V2.0)

Espace & temps à soi

L'espace et le temps qui nous manquent, que l'on trouve, que l'on (re)conquiert, que l'on habite, que l'on vit.

« Le feu, le chant de l'eau, l'odeur du café étaient une maison beaucoup plus solide que la ferme. On pouvait s'abriter là-dedans beaucoup mieux que dans toutes les constructions de pierre. »

X · 530 · Que ma joie demeure, Jean Giono

Paris : 1935, Éditions Bernard Grasset, "Le Livre de poche", N°493-494, p. 27.

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« Si nous voulons nous mobiliser, il faudra bien basculer dans la réalité physique des corps et des lieux. Mais comment se saisir du monde quand nous-mêmes nous en sommes détournés et qu'il a pris les dimensions effrayantes d'une planète dont on annonce la fin prochaine ? Comment, simplement, habiter à nouveau les lieux qui nous entourent quand ils ont été progressivement désertés, pour être finalement supprimés par le seul espace qui nous reste : celui intersidéral et virtuel de la compétition entre atomes ? »

X · 494 · Du Cap aux grèves, Barbara Stiegler

P. 64

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« La retraite au sens plein ne se réduit pas à garantir une assurance maladie ou une pension d'invalidité. C'est aussi l'expérience d'un autre temps et d'un autre rythme que celui du travail productif. Et c'est là d'ailleurs le sens plus général du terme *retraite*. »

X · 494 · Du Cap aux grèves, Barbara Stiegler

P. 55

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« Voici ce que beaucoup de ceux qui se disent d'accord avec nous proposent finalement : continuer à se laisser détruire à petit feu et tenter de limiter les dégâts pour soi-même et pour les siens. À écouter ces discours paralysants, qui déploient beaucoup d'efforts pour dépotentialiser nos forces, je me dis que, ce qui ne va pas, c'est notre rapport au temps. À la destruction de l'espace, vidé de tous ses lieux, s'ajoute la démolition du temps, détruit dans ses trois dimensions. »

X · 494 · Du Cap aux grèves, Barbara Stiegler

P. 82

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« Derrière la fin de l'histoire s'est révélée l'imminence de la fin du monde. Impossible à récapituler dans une histoire cohérente, le passé semble dès lors s'enfoncer inexorablement dans la nuit de l'oubli, et le présent se mue en une suite d'instants atomiques, dans lesquels il s'agit juste, pour chaque corps isolé, d'assurer sa survie et, dans le meilleur des cas, celle de son foyer confiné. Mais ce processus ne détruit pas seulement la politique. Ce qu'il détruit, c'est ce que Kant appelait les "conditions de possibilités" de l'apparition des phénomènes eux-mêmes : à savoir l'espace et le temps. À l'heure où l'espace et le temps sont supprimés, plus aucun événement, au fond, ne peut nous arriver. »

X · 494 · Du Cap aux grèves, Barbara Stiegler

P. 84

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« Puisque toutes ces friches ont été détruites, il ne nous reste que deux lieux de repli. Celui de l'enseignement où l'on a encore non seulement le droit, mais le devoir de se poser ensemble des questions. Et celui de l'écriture et de la lecture, et notamment du livre, où l'on retrouve enfin du temps et de l'espace pour tenter d'affronter, avec nos lecteurs à venir, ce qui nous inquiète et ce qui nous menace. Faire de la lecture et de l'écriture, de nos livres, de ces activités qui nous isolent et nous séparent physiquement du reste du monde, ce qui nous ferait basculer enfin, en chair et en os, dans une vie collective, partagée avec d'autres corps vivants, n'est-ce pas au fond l'une des questions qui se posent à tous ceux qui vivent en lisant et en écrivant ? »

X · 494 · Du Cap aux grèves, Barbara Stiegler

P. 90

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« Si notre mobilisation tarde tant à venir, c'est aussi parce qu'une lourde métaphysique, encombrée des ombres de Dieu, nous empêche tout à la fois de transformer le monde et de l'interpréter, en détraquant notre rapport au temps. »

X · 494 · Du Cap aux grèves, Barbara Stiegler

P. 115

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« Notre temps n'est pas cette ligne unilinéaire qui irait vers la fin – l'espace intersidéral de la compétition mondialisée – et qui nous obligerait sans relâche à accélérer nos rythmes, précipitant d'un même pas notre salut et notre effondrement. [...] Utilisons la grève pour vaincre en nous cette ombre de Dieu et revenir à un présent partagé et ralenti, ici et maintenant, qui se laisse remplir et compliquer par les contradictions sursaturées du passé et qui, ce faisant, rend l'avenir complètement ouvert. »

X · 494 · Du Cap aux grèves, Barbara Stiegler

P. 122

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« [...] pour que les marges débloquent plus qu'elles ne dérapent, il faut leur donner du temps et de l'espace. Il faut reconquérir les temps communs et les places publiques qui sont les conditions de la démocratie. »

X · 494 · Du Cap aux grèves, Barbara Stiegler

P. 127

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« Comme tout phénomène, une mobilisation ne peut avoir lieu que dans l'espace et dans le temps. [...] Or, contrairement à ce que croyait Kant, ni l'espace ni le temps ne sont *a priori*. Et ils ont été démolis. Toute remobilisation implique donc d'abord, au stade où nous en sommes, que nous prenions politiquement au sérieux la question de l'espace et de ses lieux et la question du temps et de ses rythmes. »

X · 484 · L'Anniversaire du monde, Ursula K. Le Guin

P. 120

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« Je n'ai que d'excellents souvenirs de ces périodes, notamment des deux premières saisons, où le tourisme ne s'était pas encore développé et où le temps passait comme le temps devrait toujours passer : avec une lenteur extrême, des jours qui s'étirent et se traînent, longs et lents et libres comme des étés d'enfant. Il y avait enfin du temps pour ne rien faire, ou presque rien [...]. »

IX · 472 · Désert solitaire, Edward Abbey

Traduction de Jacques Mailhos, Paris : 2018, Gallmeister, "Totem", N°110, p. 15.

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« C'est le plus bel endroit du monde.
Des endroits comme ça, il en existe beaucoup. Tout homme, toute femme, a dans son cœur et dans son esprit l'image de l'endroit idéal, de l'endroit juste, de l'authentique chez-soi, connu ou inconnu, réel ou imaginé. [...] il n'y a pas de limite à la capacité qu'a l'homme de se sentir chez lui quelque part. »

IX · 472 · Désert solitaire, Edward Abbey

Traduction de Jacques Mailhos, Paris : 2018, Gallmeister, "Totem", N°110, p. 20.

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« Nous nous soucions du temps. Si nous pouvions apprendre à aimer l'espace aussi profondément que nous sommes aujourd'hui obsédés par le temps, nous découvririons peut-être un nouveau sens à l'expression *vivre comme des hommes*. »

IX · 472 · Désert solitaire, Edward Abbey

Traduction de Jacques Mailhos, Paris : 2018, Gallmeister, "Totem", N°110, p. 90.

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« Ils m'ont laissé seul ici, dans la nature sauvage, au centre des choses, à l'endroit exact où le plus important a lieu. (Coucher de soleil et lever de lune, hurlement du vent et stase du monde, transformation des nuages, métamorphose de la lumière, jaunissement des feuilles et vautour haut en son vol indolent...). »

IX · 472 · Désert solitaire, Edward Abbey

Traduction de Jacques Mailhos, Paris : 2018, Gallmeister, "Totem", N°110, p. 341.

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« It brought with it a mood she hadn't felt for so long that it was unfamiliar, and welcomed it almost apprehensively: it was a quiet conviction, underlying every circumstance, that all was well and that the world was her true home, as if there were great secret powers that would see her safe. »

IX · 463 · The Book of Dust II – The Secret Commonwealth, Philip Pullman

Oxford : 2019, David Fickling Books, Penguin Books, p. 550.

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« Il n'y a pas un monde imaginaire à l'intérieur de nous mais le territoire de tous contenu en chacun, selon un système d'appartenance complexe composé d'enveloppes et de trajectoires. Car le point de vie n'est pas un espace imaginaire : c'est un territoire, le territoire de quelqu'un avec ses attachements et ses singularités. C'est le territoire de vie que chacun et chacune aura à dessiner. »

IX · 460 · Terra forma, Frédérique Aït-Touati, Alexandra Arenes, Axelle Grégoire

Paris : 2019, Éditions B42, p. 56.

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