N° 484 · Carnet X
L'Anniversaire du monde
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Première publication : 2002
Lu du
05/08/2020 au 17/08/2020, à Lannilis
Dans la bibliothèque
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« J'ai appris qu'une histoire n'a pas de début et qu'aucune histoire n'a de fin. Qu'une histoire n'est que confusion ; qu'elle n'est que milieu. Qu'une histoire n'est jamais vraie, mais que le mensonge est l'enfant du silence. »
P. 85
« Comme tout phénomène, une mobilisation ne peut avoir lieu que dans l'espace et dans le temps. [...] Or, contrairement à ce que croyait Kant, ni l'espace ni le temps ne sont *a priori*. Et ils ont été démolis. Toute remobilisation implique donc d'abord, au stade où nous en sommes, que nous prenions politiquement au sérieux la question de l'espace et de ses lieux et la question du temps et de ses rythmes. »
P. 120
« Je n'ai jamais rencontré personne, où que je sois allée, qui ait trouvé que la vie était "simple". Je crois qu'une vie ou qu'une époque paraît simple quand on ne regarde pas les détails, de même qu'une planète semble lisse quand on est en orbite. »
P. 145
« Grâce à la solitude, l'âme évite de faire ou de subir de la magie ; elle échappe à la monotonie, à l'ennui, en étant consciente. Rien n'est ennuyeux si vous en avez conscience. Une chose peut être agaçante, mais pas ennuyeuse. Si c'est une chose agréable, le plaisir ne se dissipera pas tant que vous enaurez conscience. Être conscient est le travail le plus difficile de l'âme, à mon avis. »
P. 176
« L'histoire doit être considérée comme ce à quoi nous avons échappé. Ce que nous étions, et non pas ce que nous sommes. L'histoire est ce que nous devons désormais ne plus être. »
P. 299
« – Une catégorie de gens, dit-il, éprouvent un besoin, ressentent un manque, et il leur faut une certaine vitamine. Les autres, non.
– Et alors ?
– La vitamine de la croyance.
Elle réfléchit un moment.
– Ce n'est pas génétique, dit-il. C'est culturel. Métaorganique. Mais au niveau de l'individu, c'est aussi réel et précis qu'une déficience métabolique. Les gens ont besoin de croire, ou n'en ont pas besoin.
Elle continuait de réfélchir.
– Ceux qui ont besoin de croire ne croient pas que les autres n'en ont pas besoin. Ils ne croient pas qu'il y ait des gens qui ne croient pas.
– L'espoir ? proposa-t-elle.
– Espérer n'est pas croire. L'espoir s'appuie sur la réalité, même s'il n'est pas toujours réaliste. La croyance rejette la réalité.
– Le nom qu'on peut dire n'est pas le nom qu'il faut, dit Xing.
– Le corridor qu'on peut prendre n'est pas le corridor qu'il faut, dit Luis.
– Quel mal y a-t-il à croire ?
– Il est dangereux de confondre la réalité avec l'irréalité, répondit-il aussitôt. De confondre le désir avec le pouvoir, l'ego avec le cosmos. Extrêmement dangereux. »
P. 333