La vie et le travail.

Ce site est en construction, j'essaye d'y remplir petit à petit le passé tout en y racontant le présent.

?

6.03

🖉

Pour ne pas écrire ce que j’ai à écrire ce matin j’ai écrit un mauvais poème sur une punaise qui n’est pas devenue mon amie.

Ce matin il y avait une punaise sur mon bureau
Je lui ai dit c’est mon bureau va-t-en
la punaise a bougé ses antennes
Je lui ai dit je ne veux pas partager mon bureau avec toi
Je n’avais pas d’autres arguments
Peut-être qu’elle était dans ce bureau depuis
plus longtemps que moi
Je ne pouvais pas lui dire que je ne l’aimais pas
parce que je la trouvais moche
C’est du délit
Mais je n’aime pas les punaises
parce que je les trouve moches
Si on les écrase, elles puent
Même si je ne compte pas
écraser de punaises
je sais qu’elle puerait
Et ça me gêne
J’ai essayé de rester à mon bureau
à côté de la punaise
Je n’ai pas réussi
J’ai pris un verre à moutarde
et une feuille rigide
La punaise est restée sage dans le verre
pendant que je la transportais jusqu’à la baie vitrée
du salon
Je l’ai jetée sur la terrasse
Je n’ai pas essayé d’amortir son atterrissage
Quand je suis sortie un peu plus tard
la punaise n’était plus

Elle était partie chercher un autre bureau
peut-être
ou je l’avais jetée en pâture aux oiseaux
qui l’ont mangée
même si elle pue.

25.02

J’ai tapé dans google : “is there still any forums” pour ne pas me mettre à travailler, la première réponse est un thread reddit : “What forums are still active?”, j’ai lu la réponse d’hardesthardcoregamer, j’ai tapé Melonland dans Qwant, j’ai cliqué sur la deuxième réponse.

Maintenant j’ai très envie de m’inscrire sur ce forum mais je n’ose pas. Je vais le laisser dans un onglet ouvert jusqu’à ce que je craque ou que je ferme Firefox sans faire exprès et que je n’y pense plus jamais.

Si quelqu’un·e a envie de s’inscrire avec moi, qu’iel me mail, stp.

25.02

🖉

Depuis hier, j’essaye de me remettre à l’écriture de mon roman pour enfants.

J’ai d’abord relu la première moitié déjà écrite et j’ai bien aimé. Je me suis fait un café parce que j’étais satisfaite. Je ne suis juste pas sûre que ça s’adresse au bon âge d’enfant. Je ne suis pas douée en âge d’enfants. En ce moment, je ne connais que des bébés ou des adultes. Entre les deux, je ne fréquente pas grand monde.

Je m’étais arrêtée pile au milieu d’une scène. Ce que j’aime dans l’écriture de fiction, c’est avoir une scène si précise dans la tête que c’est comme si elle était réellement en train d’être diffusée. Je peux dire la position des mains, les vêtements, les cheveux, les sensations dans le ventre, les objets tout autour, le cadrage, l’odeur, la texture, la lumière ou les bruits. Il suffit ensuite juste de décrire les choses qui ont besoin d’être écrites pour que la scène ait un sens. Quand la scène est floue ou qu’elle peut être changée, c’est que ce n’est pas la bonne.

Je dois reprendre l’écriture en plein milieu d’un dialogue. J’ai fini mon café et je ne retrouve pas la scène précise dans ma tête. Je fais dire des choses aux personnages et ça ne leur ressemble pas. Ils pourraient dire tout à fait autre chose avec la même voix. Je ne sais pas ce qu’ils doivent aller faire ensuite. Je cherche des images dans ma tête mais il y a trop de trous entre elles pour qu’elles se fixent. Je sors fumer une cigarette parce que je suis frustrée.

Je cherche les réglages à donner à mon cerveau pour qu’il puisse travailler tout seul. J’ai du mal à accepter que mon cerveau préfère que je le laisse tranquille. Pourtant, nous fonctionnons comme ça à chaque fois. Je mets l’histoire dans le réceptacle, je vérifie les réglages, mon cerveau tourne tout seul avec l’histoire et j’attends le ding qui dit que l’histoire est prête et qu’il ne reste plus qu’à l’écrire.

J’ai du mal à faire autant confiance à ma tête. J’ai du mal à lui accorder ma patience. J’aimerais écrire mon histoire tout de suite.

J’aimerais brute forcer ma pensée.

23.02

J’ai découvert pour la première fois que quelqu’un avait lu ce blog.

C’est Quentin, il l’a dit dans ses relevés. Ça m’a paru logique, si je devais penser à un lecteur idéal pour ce blog, ce serait Quentin. Sûrement parce que comme je l’explique dans le ?, ce blog a pris toute sa forme grâce aux discussions avec lui.

Quentin dit juste après qu’il est triste d’aller au travail depuis que je suis partie.

Un jour, je lui ai dit : “Si tu pars, je pars”. C’était vrai. Mais c’est moi qui suis partie.

Je suis triste que Quentin soit triste d’aller travailler à la Maison de la Poésie. Je ne suis pas triste de ne plus travailler à la Maison de la Poésie. Mais je suis triste de ne plus travailler avec Quentin.

Quand je pense à mon travail à la Maison de la Poésie, je pense à toutes les choses qu’on a faites ensemble, à côté de ce qui était obligé, la revue Maipoland, le site Internet Exploreur, le mandala du jardin, les parties de Magic et de Keyforge et toutes les autres idées qu’on a eues et qu’on n’a jamais faites, l’album panini des poètes, le plus grand championnat de poésie, le site de tutos dans la ville et d’autres que j’ai sûrement oubliées et qui me reviendront à des moments sans rapport.

Je ne sais pas ce que Quentin et moi on va faire maintenant. Mais je me dis qu’il y plein de choses qui ne sont pas impossibles. J’espère même qu’il y a plein de choses qui sont possibles. Par exemple, peut-être qu’on jour, Quentin et moi, on travaillera à nouveau ensemble. On ne sera pas tristes.

18.02

Je suis partie 5 jours en Normandie et je n’ai pas du tout pensé à internet.

Comme je n’ai pas de smartphone, c’est très facile pour moi de laisser internet quelque part. Quand je n’ai pas internet avec moi, il ne me manque pas. C’est comme si j’étais soulagée de quelque chose.

La seule chose d’internet que j’ai emportée avec moi, c’est un patron de crochet. Pour ne pas avoir à l’imprimer, j’ai noté toutes les explications du patron en écriture minuscule sur des post-it que j’ai collés sur les pages de mon cahier. C’était un très joli puzzle recouvert d’un très joli langage, voilà un extrait :

R11: b slst, sc, 3x(db slst, 7sc, b slst, 3sc) db slst, 7sc, b slst, sc […] R15: 2sc, dec, 2sc ; R16: scflo, incflo, scflo1

C’est le patron d’une montgolfière baleine qui transporte un capitaine grenouille.

Une seule fois, j’ai emprunté la tablette de Léo pour poser une question à Google sur les photons. Google n’a pas su me répondre parce que je n’ai pas su lui expliquer ma question. Google a toutes les réponses d’internet mais il ne comprend pas les questions. Je suis sûre que je connais au moins trois personnes que j’aurais pu appeler qui auraient compris ma question et qui connaissaient la réponse. Je suis triste d’avoir pensé à Google en premier.

Ce matin en allumant mon ordinateur j’avais peur, comme toujours, de retrouver internet. Des fois, j’aimerais qu’internet soit mort.

12.02

🖳 👁

Si je tenais encore à jour Pour l’instant, c’est provisoire, j’y aurais ajouté ces passages du Livre de la Bathysphère :

[Beebe] se dit que les connaissances ne viennent pas de ce qu’on regarde en face, mais plutôt de ce qu’on perçoit partiellement à la périphérie. C’est ce qu’il appelle le « regard oblique ».1

« Tous ces mots tapés à la machine […]. Pourtant, je ne donne pas plus l’idée de ce qui s’est réellement passé que si j’avais tenté de décrire un paon, une opale ou un coucher de soleil à quelqu’un qui n’en aurait jamais vu. »

Beebe voit ce défaut d’articulation – la non-transférabilité de l’expérience – comme le « prix à payer pour s’être propulsé dans de nouvelles dimensions ».2

J’aurais catégorisé ces deux passages dans “La Cinquième Dimension”.

Je note “regard oblique” dans mon lexique des mots utilisés par d’autres pour l’espace-entre.

  1. Le Livre de la Bathypshère, Brad Fox, Éditions du sous-sol, 2024, Paris, p. 121. 

  2. Ibid., p. 192. 

10.02

🖳 🖪

Petite mise à jour de Spacesnap. J’y ajoute des images de Tears of the Kingdom, Cocoon, Tunic et Little Big Adventure: Twinsen’s quest.

Une capture d'écran de Cocoon Cocoon, Geometric Interactive, Annapurna Interactive, 2023

8.02

🖳

J’ai rajouté une fonction “Afficher plus d’articles” au site, pour ne pas que les articles chargent tous d’un coup et que ça soit plus léger.

Pour ça, j’ai dû ajouter un script parce que je ne voulais pas utiliser la pagination du plugin Jekyll existant. Le plugin permet de créer des pages pour naviguer entre les articles et je ne voulais pas qu’on ait à charger une nouvelle page à chaque fois qu’on a envie d’aller plus loin dans le passé. Je voulais que les articles supplémentaires s’affichent à la suite, dans la même page, sans rechargement. Une sorte d’infinite scroll fini.

Je ne voulais pas utiliser de script sur ce site, pour qu’il soit, comme d’habitude, plus léger. Mais je suis entrée dans un paradoxe : pour que le site soit plus léger et qu’il n’affiche pas tous les articles d’un coup, il fallait que j’utilise un script. J’ai fais le compromis.

Pour ça, j’ai largement pompé le script d’Eduardo Bouças. C’est du jquery et je n’y connais rien en jquery.

7.02

🖉

Après avoir reçu son poème d’hier, j’ai repensé aux poèmes qu’on a écrits avec Peter.

Nous écrivons des poèmes au téléphone, en écriture-traduction instantanée anglais-français et après on trie. Des fois nous nous appelons plusieurs fois dans la journée et des fois nous ne nous appelons pas pendant des mois, voire des années.

Je me suis demandée où j’avais mis nos poèmes, pour pouvoir les mettre ici. J’ai cherché dans mon ordinateur et je n’ai rien trouvé. Je sais que Peter, lui, ne garde jamais rien. Et puis je me suis rappelée que je les avais écrits sur mon tout-petit-ordinateur, dont j’ai cassé le port de charge il y a plus d’un an. J’ai laissé traîner le truc et je n’ai pas transféré les fichiers à temps, avant qu’il n’ait définitivement plus de batterie. Je vais aller le faire réparer mais il y a toujours un risque que toutes ses données soit détruites.

J’ai eu peur que les poèmes avec Peter soient perdus à jamais.

Et puis je me suis rappelée que certains des poèmes avaient été publiés sur Internet Exploreur.

Je les remets sur ce site, à la date de leur publication sur Internet Exploreur.

J’espère réussir à récupérer les autres.

5.02

🖳 🖉

J’ai du mal à écrire sur le présent parce que je suis occupée à remplir ce site avec le passé. J’ai du mal à penser à l’écriture du passé et à celle de maintenant en même temps.

Hier j’ai fait une balade dans la forêt. J’ai raconté ma balade à Peter et il m’a envoyé un poème que j’ai traduit.

I took a walk yesterday.
I met a flock of sheep and goats
they were afraid of me, they ran away.

I met two deer under the trees
they were afraid of me, they ran away.

I met a guy in orange
and a sign saying hunting in progress
I was afraid of them, I ran away.

I’m sorry sheep, goats and deer.

J'ai fait une balade hier.
J'ai rencontré un troupeau de moutons et de chèvres
ils ont eu peur de moi, ils se sont enfuis.

J'ai rencontré deux chevreuils sous les arbres
ils ont eu peur de moi, ils se sont enfuis.

J'ai rencontré un type en orange
et un panneau qui disait chasse en cours
j'ai eu peur d'eux, je me suis enfuie.

Moutons, chèvres, chevreuils, je suis désolée.