N° 225 - Le refus du travail de Duchamp
Dimension(s) : 03 · Espace & Temps, 04 · Travail & Oisiveté
Mots-clefs : capitalisme | expropriation du temps | refus du travail
« Déjà, au XIXème siècle, refuser le travail, c’est refuser la normalisation du temps de la vie toute entière, envahie depuis la naissance jusqu’à la mort, par la production. L’emploi du temps, qui, justement, constituera la véritable oeuvre d’art de Duchamp, est l’objet principal du contrôle et de la disciplinarisation capitaliste. Il faut que le temps soit porté sur le marché et, échangé contre un salaire, transformé en tempo de travail. Le grand refus de Duchamp concerne cette expropriation du temps. Pas même l’art n’a le droit d’occuper et de commander les différentes temporalités de la vie. »
« Pratiquer le refus du travail dans les conditions d’exploitation contemporaines, signifie inventer de nouvelles modalités de lutte et d’organisation à même non seulement de conserver les droits hérités de luttes historiques contre le travail salarié, mais aussi et surtout, d’imposer de nouveaux droits adaptés aux nouvelles modalités d’exploitation du temps en construisant des formes de solidarités capables d’empêcher l’expropriation des savoirs et des savoir-faire et ainsi éviter que les modalités de production ne soient dictées par les nécessités de valorisation financière à laquelle n’échappent ni l’art ni les industries culturelles.
C’est à cette condition seulement que l’on pourra renouer avec la radicalité, l’impertinence, le désir de rupture qui semblent avoir été perdus ici comme ailleurs. »
Maurizio Lazzarato, Marcel Duchamp et le refus du travail