Constituée d’un filet à crevette suspendu à l’aide de garcettes et amarré à des taquets, cette pièce rappelle la pêche au carrelet pratiquée le long de l’Atlantique. Cependant l’installation est effectuée à l’intérieur même de la cabane et le filet devient lui-même un nouveau plafond, tendu à travers les 2m² de l’espace. Entre ses mailles on peut apercevoir des formes molles, dont la consistance et la couleur rappellent la méduse Aurélia (aussi appelée Méduse Lune, fréquente dans la Manche) mais dont la forme évoque un galet mou, en réponse aux nombreux galets qui ont envahi la plage du Havre durant les dernières décennies.

Le galet mou est aussi la dénomination d’un phénomène géologique : il s’agit de poches limoneuses prises au piège lors de la sédimentation. Lorsque les falaises s’érodent et que ces poches sont mises à jour, elles s’effritent et il ne reste alors que leur empreinte en forme de bulle, on parle alors de zone de galets mous, même si les galets ont disparu et qu’il ne reste que leur trace en creux incrustée dans la falaise.

Les galets mous emprisonnés dans le filet, composés d’agar agar et d’eau, se sont aussi effrités jusqu’à disparaître.

Pêcher les fantômes a été réalisée lors d’une résidence au Havre, organisée par Première Ligne, en compagnie des artistes Chloé Elmaleh, Ronan Lecreurer et Victor Baudin.

La résidence a aussi été l’occasion d’une intervention sans titre avec Chloé Elmaleh et de lectures, notamment d’une harangue intitulée Avaler les cailloux.