∞-lecture

(V2.0)

N° 542 · Carnet X

À l'est d'Eden

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Première publication : 1952

Lu du 07/01/2023 au 28/01/2023, à Rennes, Saint-Georges-de-Reintembault, Rennes, Lorient

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« Il arrive parfois qu'une sorte de grâce embrase l'esprit. C'est un phénomène assez répandu. Au début, c'est un crépitement de cordon Bickford qui se consume vers la dynamite, une joie dans l'estomac, un délice des nerfs et des avant-bars. La peau goûte l'air et chaque respiration est un accomplissement. Le corps entier s'étire et bâille de plaisir, le cerveau s'illumine et le monde entier resplendit devant les yeux. L'homme peut avoir vécu une vie grise dans un domaine de terres obscures et d'arbres noirs, les évènements les plus importants ont pu passer, alignés, anonymes, et dépourvus de couleur, cela ne compte pas. Car à la minute de la grâce, soudain le chant d'un criquet enchante l'oreille, l'odeur de la terre charme les narines et la lumière tamisée d'un arbre régénère l'œil. Alors l'homme devient source et il est intarissable. Peut-être la place qu'il tient dans le monde peut elle être mesurée par la qualité et le nombre de ces embrasements. C'est une fonction individuelle, mais elle nous unit à la collectivité. Elle est mère de toute création et elle définit l'homme par rapport aux autres hommes. »

Traduction de Jean-Claude Bonnardot, Paris, Librairie Générale Française, 2008, "Le Livre de Poche", N°1008, p. 173.

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« Un malaise le tenait à l'estomac, fine appréhension qui ressemblait à un début de cauchemar. C'était un *weltschmerz*, que nous avons transformé en *welshrats*. Ce mot dit la tristesse du monde qui emplit l'âme comme un gaz et en prend si bien possession que l'on a beau chercher ce qui fait mal, on ne le trouve pas. »

Traduction de Jean-Claude Bonnardot, Paris, Librairie Générale Française, 2008, "Le Livre de Poche", N°1008, p. 235.

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« Il doit y avoir dans le cerveau humain un crible caché qui tamise, laisse passer ou retient les pensées, et ceci bien souvent à l'insu de l'homme. Il n'est pas rare de s'endormir en proie à un malaise indéfinissable et de se réveiller le lendemain matin, frais et dispos, dans un monde clair, accueillant, débarrassé de ses impuretés par le travail de la nuit. La joie bouillonne dans le sang, la poitrine se gonfle, une ivresse électrique parcourt les nerfs, et pourtant rien depuis la veille n'a changé pour justifier cette exaltation. »

Traduction de Jean-Claude Bonnardot, Paris, Librairie Générale Française, 2008, "Le Livre de Poche", N°1008, p. 436.

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« Puisqu'il était riche, ce n'était pas de la paresse. Seuls les pauvres sont paresseux. Tout les pauvres sont ignorants. Un homme riche qui ne fait rien est perverti ou indépendant. »

Traduction de Jean-Claude Bonnardot, Paris, Librairie Générale Française, 2008, "Le Livre de Poche", N°1008, p. 457.

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« Un enfant demandera : "Pourquoi y a-t-il un monde ?" Un adulte demandera : "Quelle direction prendra le monde ? Quelle sera sa fin et – pendant que nous y sommes – pourquoi y a-t-il un monde ?" »

Traduction de Jean-Claude Bonnardot, Paris, Librairie Générale Française, 2008, "Le Livre de Poche", N°1008, p. 547.

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« Le mal doit être constamment ressuscité, alors que le bien, alors que la vertu sont immortels. Le vice offre toujours un visage frais et jeune, alors que la vertu est plus vénérable que tout au monde. »

Traduction de Jean-Claude Bonnardot, Paris, Librairie Générale Française, 2008, "Le Livre de Poche", N°1008, p. 549.

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« Soudain ils comprirent qu'ils étaient réunies, Aron et Abra sur le divan, Adam dans son fauteuil sous la lumière, Lee qui passait le café et Cal debout, les bras croisés, dans l'encadrement de la porte. Ils gardèrent le silence, car il était trop tard pour les banalités et trop tôt pour autre chose. »

Traduction de Jean-Claude Bonnardot, Paris, Librairie Générale Française, 2008, "Le Livre de Poche", N°1008, p. 698.

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« – Lorsque l'on est enfant, on est le centre du monde. Tout ce qui arrive, c'est à soi que cela arrive. Les autres ? Des fantômes postés là, à notre convenance. Mais quand on grandit et que l'on prend sa place, on acquiert sa propre taille et sa forme. Certaines choses émanent de nous pour aller chez les autres, et nous recevons de leur part. C'est plus difficile, mais c'est plus satisfaisant. »

Traduction de Jean-Claude Bonnardot, Paris, Librairie Générale Française, 2008, "Le Livre de Poche", N°1008, p. 755.

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