∞-lecture

(V2.0)

N° 528 · Carnet X

D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds

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Première publication : 2013

Lu du 25/07/2022 au 06/08/2022, à Lannilis

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« Quand on arrive à mi-chemin, les lampadaires s'allument, ils longent la route entière de leurs lumières immobiles et persistantes, veillant sur l'être humain qu'ils privent d'étoiles et d'horizon, occultant la vue. »

Traduction d'Éric Boury, Paris : 2015, Gallimard, "Folio", N°6267, p. 15.

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« Puis ils prennent la mer, ou peut-être faut-il dire qu'ils entrent dans le clair de lune : il existe tant de mondes que nous ne saurions les compter, et aucun d'entre eux n'est plus réel que les autres. »

Traduction d'Éric Boury, Paris : 2015, Gallimard, "Folio", N°6267, p. 227.

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« La vie de l'être humain est au mieux constituée de quelques notes isolées qui ne forment aucune mélodie, des sons engendrés par le hasard, mais pas une musique – est-ce donc la raison pour laquelle nous vous apostrophons en vous racontant l'histoire de ces générations et en balayant cette centaine d'années, telle anecdote, telle plante, telle comète, telle chanson de variété, tout un palmarès musical du bout du monde, est-ce pour cette raison que nous tenions à ce que vous sachiez qu'un jour, Margret était nue sous sa robe américaine, que ses seins étaient petits, mais fermes, que ses jambes longues, funes et robustes ont étreint les hanches d'Oddur, afin que vous sachiez et que, de préférence, vous n'oubliiez jamais que tout le monde a un jour été jeune, afin que vous compreniez que tous autant que nous sommes, un jour viendra où nous brûlerons, consumés de passion, de bonheur, de joie, de justice, de désir, parce que c'est ce feu-là qui illumine la nuit, qui maintient à distance les loups de l'oubli, afin que vous n'oubliiez pas qu'il faut vivre et ressentir, que vous ne soyez pas transformés en un cadre sur le mur, un fauteuil dans un salon, un meuble devant une télévision, un objet qui regarde l'écran de l'ordinateur, inerte, afin que vous ne deveniez pas celui qui ne remarque rien ou presque, que vous ne somnoliez pas au point d'être la marionnette du pouvoir ou d'intérêts partisans, que vous ne deveniez quantité négligeable, anesthésié, au mieux une petite goutte d'huile dans un mystérieux rouage. Brûlez, afin que le feu ne faiblisse pas, ni ne périsse, ne refroidisse, afin que le monde ne devienne pas un lieu froid : la face cachée de la lune. »

Traduction d'Éric Boury, Paris : 2015, Gallimard, "Folio", N°6267, p. 391.

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« Les plus vieux écrits de ce monde, ceux qui sont si anciens qu'ils ne sauraient mentir, affirment que le destin habite les aurores et qu'il convient donc de s'armer de précautions au réveil : caresser une chevelure, trouver les mots qu'il faut, prendre le parti de la vie.
Et il est vrai qu'à l'aube, nous ressemblons parfois à une plaie ouverte. Nous sommes fragiles et désarmés et tout tient au premier mot prononcé, au premier soupir, à la manière dont tu me regardes quand tu t'éveilles, dont tu me considères au moment où j'ouvre les yeux pour m'arracher au sommeil, cet univers étrange où nous ne sommes pas toujours nous-mêmes, où nous trahissons ceux que jamais nous ne pourrions imaginer trahir, où nous accomplissons d'héroïques prouesses, cet univers où nous volons, où les défunts revivent et où les vivants périssent. On dirait parfois que nous entrevoyons l'autre versant du monde, qu'il se livre à nous dans une autre version, comme q'il entendait par là nous rappeler que nous ne sommes pas forcément celui ou celle que nous devrions être, que la vie a mille facettes et qu'il n'est – hélas et Dieu merci – jamais trop tard pour s'engager sur une voie nouvelle, un chemin imprévu. Puis nous nous réveillons, si fragiles, désarmés et à fleur de peau que tout est suspendu à nos premiers soupirs. Le jour tout entier, la vie toute entière peut-être. »

Traduction d'Éric Boury, Paris : 2015, Gallimard, "Folio", N°6267, p. 397.

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« Le problème est que personne n'est capable de marcher sur la mer, c'est d'ailleurs pourquoi les poissons n'ont pas de pieds. »

Traduction d'Éric Boury, Paris : 2015, Gallimard, "Folio", N°6267, p. 408.

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