∞-lecture

(V2.0)

N° 348 · Carnet VIII

Bien après minuit

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Première publication : 1946 · 1976

Lu du 17/11/2016 au 21/11/2016, à Rennes

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« Il avait presque peur de continuer. Peur que *cette* fois il le trouve, que la quête se finisse, et que sa vie n'ait plus de sens. C'est seulement après avoir entendu parler du Flacon Bleu par des voyageurs venant de Vénus, dix ans auparavant, que la vie avait commencé d'avoir un but. La fièvre s'était emparée de lui et le consumait depuis. S'il s'y prenait bien la perspective de trouver le flacon pourrait emplir sa vie entière. Encore trente ans, s'il faisait attention à ne pas *trop* se hâter, de recherche, sans jamais s'avouer ouvertement que ce n'était pas du tout le flacon qui comptait, mais la quête, la course et la chasse, la poussière et les cités, et l'excitation. »

Traduction de Roland Delouya, Paris : 1977, Éditions Denoël, "Présence du futur", N°248, p. 15.

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« L'espace était comme octobre, écrivait Thomas Wolfe. Il dit des choses concernant ses ténèbres, sa solitude, et la petitesse de l'homme dans cette solitude. L'éternel, infini octobre fut l'une des choses qu'il dit. Puis il raconta la fusée elle-même, l'odeur et la sensation du métal de la fusée, et le sentiment de destinée, de sauvage exultation de laisser enfin la Terre derrière soi, tous les problèmes et toutes les tristesses, d'aller en quête d'un problème plus vaste et d'une plus vaste tristesse. C'était du beau travail qui disait ce qui devait être dit sur l'espace, l'homme et ses petites fusées, là-bas, seul. »

Traduction de Roland Delouya, Paris : 1977, Éditions Denoël, "Présence du futur", N°248, p. 187.

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« L'ambulance de la police monta vers les palissades à une heure inhabituelle. C'est toujours une heure inhabituelle quand l'ambulance de la police va où que ce soit, mais cette fois-ci, elle était particulièrement inhabituelle, car il était trop tard, bien après minuit, et personne n'imaginait que le jour se lèverait de nouveau parce que la mer le disait en venant mourir sur le rivage sombre en bas de la falaise, et le vent soufflant du sel froid du Pacifique le réaffirmait, et le brouillard emmitouflant le ciel et éteignant les étoiles donnait le coup de grâce. Le temps disait qu'il avait toujours été là, que la présence de l'homme, guère perceptible, disparaîtrait bientôt. Dans ces conditions, il était difficile pour les hommes rassmeblés au sommet de la falaise, avec plusieurs voitures tous phares allumés et des lampes de poche qui dansaient, de se sentir réels, pris au piège qu'ils étaient entre un coucher de soleil dont ils se souvenaient à peine et un lever de soleil qui n'était pas imaginable. »

Traduction de Roland Delouya, Paris : 1977, Éditions Denoël, "Présence du futur", N°248, p. 225.

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