N° 342 · Carnet VIII
Les Enfants de minuit
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Première publication : 1980
Lu du
25/07/2016 au 18/08/2016, à Cancale, Saint-Saëns, Port-Marly
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« À moins, évidemment, que le hasard n'existe pas ; [...] auquel cas nous devrions soit – dans l'hypothèqe optimiste – nous lever et applaudir, parce que, si tout est prévu d'avance, nous avons tous une signification et la terreur de nous savoir aller à l'aveugle nous est épargnée ; ou alors nous devrions – dans l'hypothèse pessimiste – tout abandonner tout de suite, en comprenant la futilisté de la pensée décision action, puisque, quoi que nous pensions, cela ne change rien ; les choses seront ce qu'elles seront. Alors, où est l'optimisme ? Dans le destin ou dans le chaos ? »
Traduction de Jean Guiloineau, Paris : 1997, Gallimard, "Folio", N°5029, p. 138.
« "C'est peut-être une erreur, suggéra Mary. Peut-être que le petit sahib fait comme nous... il ne cligne que quand nous clignons." Et Amina : "Nous allons cligner des yeux l'une après l'autre et le regarder." Leurs paupières s'ouvrant et se fermant alternativement, elles observèrent le bleu glacé de mes yeux ; mais pas le moindre frémissement ; jusqu'à ce qu'Amina prenne les choses en main et vienne près du berceau pour m'abaisser les paupières. Elles fermaient : ma respiration changea aussitôt et prit le rythme satisfait du sommeil. Après cela, pendant plusieurs mois, mère et ayah m'ouvrirent et me fermèrent les paupières chacune à son tour. "Il apprendra, Madame, disait Mary pour réconforter Amina. C'est un gentil petit garçon, bien obéissant, il va saisir le truc." J'ai appris ; la première leçon de ma vie : personne ne peut regarder le monde avec les yeux toujours ouverts. »
Traduction de Jean Guiloineau, Paris : 1997, Gallimard, "Folio", N°5029, p. 223.