N° 387 · Carnet VIII
Pensées paresseuses d'un paresseux
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Première publication : 1886
Lu du
10/12/2017 au 16/12/2017, à Rennes
Emprunté à quelqu'un
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« Il est impossible de jouir pleinement de la paresse si l'on n'est pas débordé de travail. Où est le plaisir de ne rien faire, quand n'a rien à faire ? Perdre son temps devient alors une simple occupation, et fort épuisante. Pour être douce, la paresse, comme les baisers, doit être volée. »
Traduction de Cécile Arnaud, Paris : 2014, Flammarion, "Littérature et civilisation", p. 28.
« Mais assez de lits et de chambres à coucher ! J'y ai passé trop de temps, même pour un paresseux. Sortons plutôt fumer une cigarette. Une autre façon de perdre son temps, mais sans perdre la face. Le tabac a été une véritable bénédiction pour nous, les oisifs. »
Traduction de Cécile Arnaud, Paris : 2014, Flammarion, "Littérature et civilisation", p. 35.
« Un homme bon est un homme bon avec nous, et un mauvais homme celui qui ne se plie pas à notre volonté. En vérité, nous avons tous la conviction innée que le monde entier, avec tout ce qu'il englobe, est une sorte d'appendice nécessaire de nous-même. Nos congénères, hommes ou femmes, ont été conçus dans le but de nous admirer et de pourvoir à nos différents besoins. Vous et moi, cher lecteur, nous nous croyons chacun au centre de l'univers. selon moi, vous avez été créé par une Providence attentionnée afin de lire ce que j'écris et afin de me payer pour ça ; tandis que, selon vous, j'ai été envoyé dans le monde afin d'écrire de quoi vous offrir de la lecture. »
Traduction de Cécile Arnaud, Paris : 2014, Flammarion, "Littérature et civilisation", p. 85.
« Le sort du timide est loin d'être enviable. Les hommes le détestent, les femmes le méprisent, lui-même se déteste et se méprise en même temps. Il ne s'y fait pas, et rien ne peut l'en guérir, sinon le temps. »
Traduction de Cécile Arnaud, Paris : 2014, Flammarion, "Littérature et civilisation", p. 151.
« C'est extraordinaire, [...] qu'il existe autant de façons d'aimer. Nous aimons tous comme personne auparavant. Je me edmande comment feront nos arrière-petits-enfants. Devront-ils aimer la tête en bas, s'ils persistent à refuser toute méthode existante ? »
Traduction de Cécile Arnaud, Paris : 2014, Flammarion, "Littérature et civilisation", p. 217.
« Il en va ainsi de la mémoire : elle ne nous renvoie que des images incomplètes. Comme un enfant capricieux, elle casse tous ses jouets. Je me souviens d'être tombé, petit garçon, dans un grand trou creusé dans la terre, mais je n'ai aucun souvenir d'en être ressorti ; s'il fallait ne se fier qu'à la mémoire, je serais porté à croire que j'y suis toujours. »
Traduction de Cécile Arnaud, Paris : 2014, Flammarion, "Littérature et civilisation", p. 235.