« Aujourd’hui, le voyage n’a plus de destination. Il n’a plus pour but le mouvement mais l’immobilité, le séjour dans l’ici et maintenant, ou, ce qui revient au même, le passage quasi instantané d’un lieu à un autre, de telle sorte qu’il n’y a plus de traversée d’un point à un autre, ni dans l’espace ni dans le temps, ce qui ressemble beaucoup à nos habitudes de lecture. Malheureusement, de telles méthodes n’affectent pas seulement le voyage et la lecture. Elles affectent aussi nos pensées, nos fonctions réflexives, notre musculature intellectuelle. Notre faculté de penser requiert non seulement que nous soyons conscient de nous-mêmes, mais aussi que nous le soyons de notre passage dans les pages d’un livre. C’est une capacité que nous avons développées dès l’époque des tablettes de Gilgamesh, et abandonnée à l’âge de l’écran. Il nous faut désormais réapprendre à lire lentement, en profondeur, complètement, que ce soit sur papier ou sur écran : à voyager afin de revenir avec ce que nous avons lu. C’est alors seulement que nous pouvons, au sens le plus essentiel, nous qualifier de lecteur. »
Alberto Manguel, le Voyageur et la Tour
« Quant à moi, je voyage non pour aller quelque part, mais pour marcher. Je voyage pour le plaisir de voyager. L’important est de bouger. »
Robert Louis Stevenson, Voyage dans les Cévennes avec un âne.
(ramassé dans le Voyageur et la Tour)
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