Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne
(ramassé par François Delastre)
« Jean-Luc Nancy proposait dernièrement de contrevenir au rythme incessant des constructions/destructions/déconstructions et de considérer, en faveur d’une communue pensée, la ou les structions, c’est-à-dire ce qui est in-construit, sans architecture, en déplacement, disloqué. On supprime les préfixes. Ni « avec », ni « sans ». Renvoyant à son étymologie latine, la struction est de l’ordre de l’amas, du tas, de l’entassement, et suppose l’assemblage. La struction permet d’ouvrir un espace dans lequel la pensée peut tisser des trajets en dissolvant les antinomies constitutives. Un espace de tissage, mêlant les lignes de force et les lignes de fuite, qui renvoie au texte, dans son originarité de tissu, mettant en suspens les conventions et les choses sues, pour les réinterroger à la faveur de leur mise en relation dans l’espace réel. »
Introduction par Sally Bonn
à Une volonté de faire
de Thomas Hirschhorn
La pensée-tique m’a incisé la boîte crânienne, là, cachée, derrière. Je tourne la tête et elle est toujours là, derrière les yeux, le crâne, le corps. Je ne vois pas la pensée-tique. Je ne la connais pas. Je ne sais rien de mon parasite, mais il m’aliène, je suis enchâssée dans ses échos, ma pensée-tique est une corde à nœuds qu’il faut que j’escalade, elle est pleine de nœuds, il faut gravir, nœud par nœud, tous les nœuds, pour arriver en haut, tout en haut de la corde, tout en haut des nœuds, mais ce là-haut, ce tout là-haut, je ne le vois pas.
C’est une grande chose, ma pensée-tique, une grande chose inconnue, énorme, c’est énorme la pensée-tique, elle me hante, j’en ai soif et ça brûle, ça brûle toutes les autres pensées, ça envahit tout et ça brouille, ça brouille toutes mes ondes. Ça grésille sur mes réseaux, ça sature, ça crachote, ça me rappelle, ça me rappelle ce qu’il faut que je fasse, ça me rappelle, il faut faire, mais quoi ? Il faut dire, mais quoi ?
Ma pensée-tique pompe, pompe, elle pompe tous mes flux, tout, tout ce qui passe elle le pompe, elle pompe et ça irrite. Ça démange, c’est fou comme ça démange, c’est imperceptible comme ça démange, mais ça démange là, partout et tout le temps, ça démange et quand je gratte, ça saigne, ça s’écartèle, ça se démembre, ça arrache le corps du parasite enflé de sang et de bile et de flux et ça se désintègre et ça s’épanche et ça s’écoule, ça coule du pus de flux, fermenté, gâté, pourri, ça suinte et ça ruisselle mais la tête, elle reste là, toujours insérée là, dans le tendre, le nu, là et le corps repousse, il repousse encore plus dru et plus fort et plus tenace, ça ne se cure pas, ne se récure pas, c’est incrusté, là, juste là.
Il faut accomplir la pensée-tique, la mettre bas, se l’expulser, se la purger, se l’exorciser, il faut l’apprivoiser, la pensée-tique, l’approcher, l’effleurer, d’abord, la tâter, la toucher du bout du doigt, du bout du bout du doigt, l’attirer sur le devant du visage, lui faire faire le tour de l’oreille, la faire grimper au beau milieu du front, en plein les narines, au centre de la prunelle, dans les vibrisses, les sinus, la cornée, la glotte, les muqueuses,
partout,
partout,
dans tous les trous.
J’appelle,
j’invoque,
j’appâte,
j’avale ma pensée-parasite.
Je digère ma pensée-parasite.
J’amalgame ma pensée-parasite.
Je pense à ma pensée-parasite, je me regarde penser à la pensée-parasite, je suis parasitée par la pensée de ma pensée-parasite, je parasite ma pensée, je suis ma pensée-parasite, je suis la pensée-parasite de ma pensée-parasite, je suis derrière l’oreille de ma pensée-parasite, je suis derrière mon oreille, je suis derrière derrière mon oreille, je pompe ma pensée-parasite, je pompe ma pensée, je pompe, je m’autopompe, je m’auto-pense, je m’auto-parasite, je suis le parasite.
Je vomis.
]]>Richard Serra, Verb List
Partage du fonctionnement de la pensée.
Démonstration du protocole de réflexion.
Exposition de l’organisation des idées.
(ramassé lors d’une discussion avec Sophie Vincent)
]]>La bibliothèque d’Aby Warburg était circulaire. Pas de début, pas de fin. Il en déplaçait le contenu en fonction de l’état de sa pensée.
]]>Alberto MANGUEL, La Bibliothèque, la nuit
]]>